Ashtanga yoga, vinyasa yoga, power yoga, vinyasa flow, hot yoga, du plus « traditionnel » au plus récent, le yoga devient de plus en plus intense, de plus en plus dynamique, et s’inscrit desormais dans les programmes « minceur » et « renforcement musculaire » des magazines dit féminins, surtout à l’arrivée des beaux jours. Le yoga apparaît en ce sens dans les « sports » minceurs.
Oui, mais… Le yoga est-il un sport ?
Comme quand on était petit, le réflexe, c’est le Larousse ! Le bon vieux dictionnaire donne cette définition du sport : « Activité physique visant à améliorer sa condition physique. Ensemble des exercices physiques se présentant sous forme de jeux individuels ou collectifs, donnant généralement lieu à compétition, pratiqués en observant certaines règles précises ».
Alors alors…
- activité physique ✓
- jeu individuel ✓
- observance de règles précises ✓
- compétition ✓
« Compétition » ????
Eh bien oui, il existe bel et bien des compétitions de yoga !
Elles sont organisées par l’IYSF, l’International Yoga Sports Federation.
L’international Yoga Sports Federation
Alors que le yoga repose sur 8 étapes, les 8 membres du yoga : Yamas, Nyamas, Asanas, Pranayama, Pratyara, Dhanara, Dhyana et Samadhi ; les compétitions de IYSF ne reposent que sur l’exécution des asanas.
Les épreuves classent les asanas dans 6 catégories :
- les arrières
- les flexions avant
- les tractions
- les torsions
- les équilibres
- les inversions
Il existe également 5 catégories de pratiquants : les Jeunes (répartis par âge : 9 > 11 ans, 12 > 14 ans, 15 > 17 ans), les Adultes (à partir de 18 ans) et les Maîtres à partir de 50 ans. Les compétiteurs doivent réaliser une posture de chaque catégorie d’asanas choisie dans une liste imposée, et ce en moins de 3 minutes. Les notes tiennent compte de la difficulté et de la qualité de l’exécution comprenant la force, la souplesse et l’équilibre du pratiquant. Celui qui fait la posture la plus parfaite remporte la compétition.
Les compétitions de yoga existent depuis 1989, et l’IYSF a été créée en 2013 à Lausanne.
Depuis, les épreuves des compétitions de yoga tendent à se diversifier : « professionnels » et « amateurs » se disputent les titres dans les catégories asanas, yoga artistique, yoga rythmique, yoga athlétique, yoga-danse, yoga chorégraphie, accro yoga.
Les épreuves ne sont pas seulement individuelles : une partie est dédiée à la pratique synchronisée et aux performances en équipe.
Ci-contre, les juges de l’IYSF pendant une compétition
Le yoga : des asanas, mais pas que !
On l’a vu, les compétitions ne concernent que la partie physique du yoga, les asanas. Or, ils ne sont qu’une partie de la pratique du yoga. A l’origine, les asanas ne sont pratiqués que pour permettre d’acquérir la maîtrise du corps jusqu’à en faire abstraction pour toucher notre âme. C’est ainsi que doit se faire l’ « union » entre le corps et l’esprit induite par le mot même de la discipline, « yoga ».
Il ne s’agit donc pas de travailler à l’excès le corps pour accéder aux postures les plus instagramables.
Il est intéressant de noter l’évolution de l’image des yogis ces dernières années. On est passé de l’image du yogi ascétique (souvent un homme d’ailleurs) assis en tailleur et tenant une mudra les yeux fermés dans un décor de jungle à la yogini acrobatique en handstand sur fond de mer d’azur.
Chaque nouveau pratiquant a en tête ces postures et nombreux sont ceux qui souhaitent les travailler particulièrement.
En témoignent le succès des stages « spécial armbalance ».
Les pratiquants acquièrent un état d’esprit « sportif », orienté vers la performance pour pouvoir réaliser des postures acrobatiques comme salamba pincha mayurasana (voir le cliché ci-contre, capturé par Fred Vaudroz).
La course vers ces postures comporte un risque, amenant les pratiquants à la blessure. Pas assez conscient d’ahimsa (principe de non violence exprimé dans les yamas), ils dépassent parfois leurs limites physiques. Le yoga nous enseigne au contraire le respect de notre corps, loin de l’ambition de résultat.
On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a
René Kubiak,
professeur d’ashtanga yoga
Il faut garder en tête que la pratique du yoga est personnelle : « on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a ».
Cette petite phrase correspond bien à la pratique du yoga : le corps change tous les jours. En fonction de notre sommeil, de notre alimentation, de notre hydratation, la réponse du corps aux asanas sera différente à chaque pratique.
Il ne faut donc pas se comparer aux autres, ni à soi. Il faut écouter son corps dans la pratique et travailler les asanas jusqu’à l’inconfort et non jusqu’à la douleur.
Faut-il donc considérer le yoga comme un sport ?
La question pourrait être : la pratique est-elle compatible avec l’esprit de performance et de compétition induite par la notion de sport ? Pour yogaetcterra, la réponse est non.
Même si on vient au yoga très souvent pour la pratique physique, le yoga requiert bien d’autres dimensions qui ne sont pas strictement compatibles avec la définition du sport. En revanche, le yoga emprunte au sport des notions telles que la persévérance, encouragée par Patthabi Jois dans une phrase qui est restée célèbre : « Pratique, pratique, et le reste viendra ».
Et en tant que pratique cousine, le yoga est un excellent complément au sport : la pratique apporte plus de souplesse dans les articulations, améliore l’équilibre, permet une récupération active et ainsi prévient le risque de blessures.
De nombreux athlètes l’ont déjà intégré dans leur routine d’entraînement comme Serena Williams ou Novak Djokovic :
Pre-match yoga for the World No. 1 💪 @DjokerNole #NittoATPFinals pic.twitter.com/M1gBEF5ndw
— ATP Tour (@atptour) November 20, 2020
Et vous, quel est votre avis : sport ou pas sport ?