Si vous lisez ces lignes, c’est que vous avez déjà pratiqué ou entendu pratiquer le son « om ». Probablement au début et/ou à la fin d’un cours de yoga, souvent répété 3 fois, les mains en prière. Parfois ce son « om » se sera transformé en un son en 3 parties, le son « a-u-m ». Que signifie ce son et pourquoi le pratique-t-on au début et/ou à la fin d’un cours de yoga ?
L’origine du om dans le yoga
« Om » est un son ancien qu’on retrouve en yoga, mais aussi dans certaines religions comme le bouddhisme ou l’hindouisme. Il est considéré comme le « souffle non frappé », le son universel ou la vibration universelle qu’on appelle pranavah.
En yoga, il revêt une définition symbolique mais pas religieuse. Explications. Dans les Yoga Sutras, Patanjali défini le son Om dans une série d’aphorisme qu’il faut lire et comprendre. Ces aphorismes se trouvent dans le livre I, 23-29.
Ces sutras décrivent Ishvara, la conscience pure (I.23). Patanjali nous dit que c’est une âme qui ne connaît pas la souffrance, ni l’action, ni leurs conséquences ou les traces qu’elles peuvent laisser (I.24), sans limite (I.25), éternel et maître des Anciens (I.26).
Ishvara est représenté par pranavha qui désigne précisément le son om, un mantra sacré (I.27 ci-contre)
Om est donc le mantra de la conscience pure, de l’Absolu. Un mantra est un « outil » qui permet de limiter la pensée pendant une méditation.
« Om » ou « Aum »
Ce mantra est connu en écriture latine sous deux orthographes, et donc sous deux prononciations.
On trouve le son om qui ne prononce comme il se lit, et le son aum, qui se prononcent « a-o-m », le « u » se prononçant comme un « o » dans ce cas précis.
Le coupage du mantra en 3 son répond à la trinité universelle : le début, le milieu, la fin.
On retrouve cette trinité dans le Trimurti : les 3 états de l’Univers que sont la création, la préservation et la destruction.
On la retrouve aussi dans :
- les 3 « mondes » : la terre, le ciel, l’espace intermédiaire
- les 3 états de l’homme : état de veille, état de rêve, état de sommeil profond
- les 3 espaces temporels : le passé, le présent, le futur
- les 3 corps : le corps physique, sthula sharira, littéralement le corps « grossier », le corps énergétique, sukshama sharira, parfois dit « austral » et le corps spirituel, karana sharira appelé aussi corps causal (pour simplifier : « l’âme »).
Cette trinité s’exprime naturellement dans le son universel.
- a comme expression du principe de création
- u (prononcé « o ») pour la préservation
- et m pour la destruction, la fin.
Prononcé dans sa version à 3 sons, aum est un guide vers le niveau supérieur de la conscience. C’est encore Patanjali qui nous l’explique. « Il faut répéter ce mantra pour entrer dans sa signification » (I.28). Patanjali désigne là la pratique de la concentration, dhanara, sur ce mantra qui est le chemin vers dhyana, la méditation : « par là, on accède à la conscience intérieure et les obstacles disparaissent » (I.29).
Le symbole om
Le son om a une représentation graphique hautement symbolique que vous avez
probablement déjà croisée.
Une partie de l’écriture du sanskrit est idéographique : elle représente des idées par des signes.
Le symbole correspondant à om traduit tout ce que nous avons vu plus haut :
- La boucle inférieure gauche correspond au « a »
- la boucle à droite au « u/o »
- la boucle supérieure gauche au « m »
Les 3 boucles sont connectées pour signifier la continuité de la trinité.
La virgule horizontale représente le « voile de l’ignorance » qui sera est par la vibration du son om, le point symbolise la Vérité absolue.
Nous venons de le voir, « Om » est un son, et donc une vibration. C’est à cet aspect que nous allons maintenant nous intéresser.
Les effets physiques du son om
La prononciation du om ou du aum a des effets physiques bénéfiques pour le corps.
Pour commencer, on prononce le son om après une longue inspire. Cette inspiration remplit pleinement les poumons, et apporte ainsi au corps une forte dose d’oxygène qui nourrit le coeur et les muscles.
La prononciation « découpée » du om, c’est-à-dire en utilisant la variante « a-u-m » permet de faire vibrer 3 parties distinctes du corps.
Lorsqu’on chante le « a », c’est l’abdomen qui vibre. Avec le « u/o », la vibration remonte dans la poitrine et la gorge. Enfin, le « m » permet de faire vibrer le crâne. Vous pouvez vous-même en faire l’expérience : entonnez le « a-u-m » et observez les effets physiques du changement de lettre. Etonnant, non ?
On dit aussi que les vibrations permettent l’ouverture des alvéoles et donc leur « nettoyage » par l’expiration lente mais puissante induite par le chant du om.
Alors, pourquoi pratique-t-on le son om ou a-u-m à la fin d’un cours de yoga ?
Rappelons-nous que les asanas, la partie posturale du yoga, n’a pour unique objet que de permettre de maîtriser son corps dans une posture de méditation. La prononciation du son « om », au-delà des effets physiques qu’elle procure, permet après savasana la réémergence de dhanara la concentration qui amène à dhyana la méditation.
Chanté en groupe, il amène les élèves dans une même vibration. Souvent les om sont très harmonieux et de longueur égale, notamment en fin de séance, lorsque les élèves ont pu accorder leurs énergies. La méditation peut commencer.