Virabhadrasana : la posture du guerrier

Les guerriers, virabhadrasana en sanskrit, font partie des postures les plus connues du yoga. Décrites pour la première fois dans les Puranas, un des textes fondateurs du yoga écrits entre 400 et 1000 de notre ère, elle sont notamment connues des ashtangi.ni puisque le guerrier n°1 fait partie de la salutation au soleil B.

Avant de voir en détails les différents guerriers, et si on s’intéressait à l’histoire de ces postures ?

L’origine de Virabhadrasana

Comme souvent ici, commençons par la traduction du sanskrit.

  • vira : le héros
  • bhadra : vertueux, bienheureux, favorable
  • asana : la posture

Virabhadrasana est donc la posture du héros vertueux.

Virabhadra, c’est aussi le nom d’un héros au sens mythologique du terme : un demi-dieu, né de la divinité Shiva.

La naissance de Virabhadra

Virabhadra est un serait né d’une mèche de cheveux du Dieu Shiva.

Shiva a épousé Sati sans le consentement de son père, Daksha. Furieux, et souhaitant effacer l’affront, Daksha a organisé un banquet sacrificiel sans inviter ni Sati, ni Shiva.

Désespérée par la situation, Sati s’est rendue au banquet et s’est jetée dans les flammes. A son arrivée, ne pouvant plus rien faire pour son épouse, Shiva aurait jeté une mèche de ses cheveux dans le brasier et Virabhadra serait né de cette mèche et des cendres de Sati pour venger sa mère.

Virabhadra aurait alors décapité les participants au sacrifice, y compris et surtout Daksha.

La symbolique derrière la légende

Dans cette légende, Daksha représente l’égo et en tranchant sa tête, Virabhadra détruit l’égo. Mais Daksha survit puisque les dieux lui donnent une nouvelle tête qui a la forme d’une chèvre.

Cette renaissance confirme la filiation de Shiva et Virabhadra : comme son père, le guerrier détruit pour qu’une reconstruction ait lieu.

Le guerrier en yoga n’est pas belliqueux. Il Il ne va pas combattre, il a du guerrier la discipline, la détermination, la résistance, la souplesse et un mental aiguisé. Le guerrier en yoga est honnête, notamment envers lui-même, il sabre son propre égo et se libère de l’orgueil. Ce sont ces qualités que les 3 postures du guerrier doivent nous aider à développer en temps de pratiquant.

Les virabhadrasana

Il existe 3 variantes classiques de virabhadrasana.

Virabhadrasana I, le guerrier I

Virabhadrasana 1 ou guerrier 1

Depuis tadasana, à l’avant du tapis, on réalise le guerrier I en reculant un pied d’un grand pas. On fléchit la jambe de devant pour placer le tibia perpendiculaire au sol et la cuisse parallèle au tapis. La jambe arrière est tendue, le pied entre 45°. Il faut ensuite ramener les hanches face au petit côté du tapis. Ce placement des hanches est LA difficulté de la posture. Ensuite, on lève les bras vers le ciel, épaules basses, omoplates serrées (coucou, mes élèves <3), le regard (drishti) est porté vers les pouces, c’est angusthamadhye drishti.

Pour les amoureux.ses des détails qui changent toute une posture, deux précisions :

  • pour éviter de laisser le pied arrière basculer vers l’avant, appuyez le petit orteil du pied arrière au sol
  • alignez vos talons sur la ligne médiane de votre tapis pour avoir le bon équilibre et travailler dans l’axe

C’est une posture largement pratiquée, mais qui reste une posture complexe. Attention, donc, à l’aborder avec l’humilité du guerrier : prudence et patience de rigueur ! N’hésitez pas au départ à fléchir un peu moins la jambe de devant, à moins écarter les pieds ou à ouvrir un peu plus le pied arrière. Trouvez les ajustements qui vous conviennent en gardant en tête que le yoga est un chemin !

Virabhadrasana II, le guerrier II

Depuis le guerrier I, il faut ouvrir les hanches et les épaules, descendre les bras tendus à la hauteur des épaules. Il faut veiller à aligner les épaules et les hanches sans basculer les fesses vers l’arrière. Le buste doit être tenu, élevé vers le ciel, épaules basses et omoplates serrées.

Le drishti est pointé vers le majeur de la main avant, c’est hastagre drishti.

Virabhadrasana 2 ou guerrier 2

Virabhadrasana III, le guerrier III

Virabhadrasana 3 ou guerrier 3

Le guerrier 3 est le seul équilibre de la série des guerriers. Il représente Virabhadra en train de trancher la tête de Daksha.

Il se pratique sur jambe tendue.

Depuis tadasana, on prépare la posture en engageant la jambe d’appui. Il faut d’abord s’élever sur cette jambe en trouvant l’ancrage dans le sol et repousser doucement le pied arrière sur la demi-pointe. Les mains en prière, le corps bien gainé, on va pouvoir engager la rotation autour de la hanche pour basculer le corps dans la posture. Même si le guerrier III se pratique corps parallèle au sol, on peut travailler cette posture dans la diagonale, le temps d’intégrer l’équilibre sur un pied.
Pour finaliser la posture, il suffira de pousser les deux mains jointes vers l’avant pour retrouver le geste par lequel Virabhadra a tranché la tête de Daksha.

Pour assurer l’ancrage sur la jambe de terre, il faut activer pada bandha, le verrou du pied solidement posé sur le sol, poids du corps bien réparti sur l’ensemble du pied.

Les bienfaits des postures des guerriers

Les trois guerriers renforcent l’ensemble du corps.
Ils étirent et fortifient le dos, particulièrement les lombaires. Ils renforcent le haut du corps (épaules, bras, cou…) et ouvrent le plexus solaire, le coeur, les épaules et le cou.
Ils développent également la ceinture abdominale, les quadriceps et les ischio-jambiers.

Et même si c’est particulièrement vrai pour le guerrier III, tous les guerriers contribuent à l’équilibre, et développent la concentration et la confiance en soi.

Les guerriers « modernes »

Il existe deux autres variantes de guerriers dans le yoga moderne.

Baddha virabhadransana le guerrier humble

Baddha virabhadrasana ou guerrier humble

Le guerrier humble est une variante du guerrier I. Le placement des jambes est le même : jambe avant pied face, tibia perpendiculaire au sol et cuisse parallèle au tapis, hanches face au petit côté du tapis, pied arrière à 45°.

Entrelacez les mains derrière les fesses, paumes de mains jointes. Il faut alors allonger le dos vers l’avant et vers le sol en repoussant les mains vers le haut et vers l’avant. Dans sa version avancée, la couronne vient toucher le sol.

La posture évoque la soumission du guerrier, d’où le nom de guerrier humble.

Viparita virabhadrasana le guerrier inversé

Viparita virabhadrasana 3 ou guerrier inversé

La posture de base de viparita virabhadrasana est le guerrier II. Hanches et épaules ouvertes, sur jambes fléchies (parfois sur jambes tendues), la main avant est projetée vers le ciel (sans lever l’épaule), et la main arrière se pose sur la jambe arrière tendue.

Cette posture est également appelée guerrier victorieux, elle évoque la réussite de Virabhadra dans sa vengeance pour le sacrifice de sa mère Sati.

Vous êtes maintenant incollable sur les guerriers ! Si vous souhaitez tester votre culture yoga, rendez-vous sur le compte instagram de yogaetcterra pour tester vos connaissances : un nouveau quizz chaque semaine dans les stories !

D’ailleurs, quel est votre guerrier préféré ? Répondez-ici !